Notre vision est sollicitée en permanence. La perdre en totalité ou en partie peut rapidement devenir un handicap majeur dans notre vie de tous les jours. Pourtant, la basse vision reste un sujet peu abordé, souvent mal compris et sous-estimé. L’objectif de cet article est d’expliquer ce qu’est la basse vision, de souligner les impacts réels qu’elle entraîne sur le quotidien et de démontrer pourquoi une meilleure sensibilisation collective est indispensable pour anticiper les besoins futurs. La prévention, le dépistage et l’accès à un bilan basse vision sont des leviers primordiaux pour agir efficacement.

 

Comprendre la basse vision

 

La basse vision désigne une déficience visuelle ne pouvant être corrigée ni par des verres correcteurs classiques, ni par des traitements médicaux ou chirurgicaux. Elle correspond donc à une altération profonde et durable de la fonction visuelle. On parle de basse vision lorsque l’acuité visuelle est inférieure à 3/10⁽¹⁾.

 

Contrairement à la cécité, qui implique une perte quasi complète voire totale de la perception visuelle, la basse vision laisse subsister un reste visuel exploitable, mais souvent fragmenté. Les symptômes varient selon les pathologies : vision floue, tâches sombres, perte de la vision centrale, altération périphérique, troubles de la perception des contrastes, éblouissements, difficultés lorsque la lumière est faible…

 

Les causes sont multiples. Chez les personnes âgées, la dégénérescence maculaire liée à l’âge (DMLA) est de loin la plus fréquente. D’autres étiologies incluent le glaucome, les rétinopathies diabétiques ou des pathologies génétiques comme la maladie de Stargardt. Il faut également noter l’apparition plus précoce de troubles visuels liés à l’exposition prolongée aux écrans, à certaines conditions de travail ou à des facteurs métaboliques.

 

En France, selon la Fondation Rothschild, environ 1,5 million de personnes seraient atteintes de basse vision.

 

Un enjeu de santé publique sous-estimé

 

La basse vision est bien plus qu’un simple inconfort visuel. Elle modifie en profondeur la qualité de vie des personnes qui en souffrent. Difficultés à lire, à se déplacer, à reconnaître les visages, à se repérer dans des lieux publics, etc. Chaque tâche quotidienne devient un défi. Les conséquences psychologiques sont également importantes : anxiété, isolement, perte de confiance voire dépression.

 

Sur le plan socio-économique, les répercussions sont également considérables. Les personnes atteintes de basse vision nécessitent souvent des aménagements spécifiques de leur domicile (éclairage, contrastes, signalisation). Afin d’y répondre l’acquisition d’aides visuelles parfois coûteuses et/ou un accompagnement pour la mobilité sont nécessaires. Pour certains, cela se traduit aussi par l’arrêt de l’activité professionnelle, une perte d’autonomie accrue voire un placement en institution.

 

Malgré cela, la basse vision reste insuffisamment intégrée aux campagnes de santé publique. Les troubles de la vue sont encore souvent assimilés à de simples besoins de correction optique, laissant de côté les spécificités des déficiences fonctionnelles. De nombreux patients consultent tardivement, faute d’avoir été informés sur les signes précoces. Il est donc impératif d’instaurer une culture de la prévention visuelle qui dépasse le cadre de la correction de la vue.

 

Certaines initiatives tentent de faire bouger les lignes. Le Mois de la Santé Visuelle, organisé chaque octobre à l’initiative de l’ASNAV, permet de sensibiliser à la prévention visuelle à tout âge, notamment via des bilans gratuits chez les opticiens partenaires. Il y a également la journée mondiale de la vue qui, chaque deuxième jeudi d’octobre, donne lieu à des campagnes de communication, des ateliers d’information et des opérations de dépistage. Ces événements jouent un rôle fondamental pour rendre visibles les enjeux de la basse vision.

 

Le bilan basse vision pour une prise en charge adaptée

 

Le bilan basse vision constitue la pierre angulaire de la prise en charge. Il s’agit d’une évaluation spécialisée permettant de déterminer le potentiel visuel restant du patient et d’identifier les solutions adaptées à son profil. Contrairement à un simple examen de vue, ce bilan est multidimensionnel.

 

Il permet de prendre en compte les performances visuelles objectives (acuité, champ, sensibilité aux contrastes) et de répertorier les besoins concrets du patient dans son environnement (lecture, déplacement, communication, loisirs). Il est ainsi possible de proposer des aides techniques adaptées et de prodiguer des conseils en termes d’adaptation de l’environnement par exemple.

 

L’objectif est d’orienter chaque patient vers une rééducation personnalisée, un accompagnement adapté (ergothérapie, locomotion, soutien psychologique) et une optimisation de l’autonomie. Ce bilan est aussi l’occasion de sensibiliser les proches et d’organiser une prise en charge en réseau. Il peut être réalisé dans des centres hospitaliers spécialisés, chez des opticiens formés ou au sein de plateformes régionales dédiées.

 

Des réseaux spécialisés facilitent l’accès au bilan basse vision grâce à un maillage de centres partenaires répartis sur le territoire. Ces bilans incluent souvent l’essai de matériel adapté (loupe électronique, filtres, téléagrandisseur), avec un accompagnement personnalisé et, dans certains cas, une installation à domicile.

 

Côté hospitalier, des structures comme le CHNO des Quinze-Vingts à Paris ou le Centre Basse Vision du CHU de Nancy proposent des consultations pluridisciplinaires. Ces parcours associent ophtalmologistes, orthoptistes, psychologues ou ergothérapeutes, permettant une prise en charge globale. Ce type de bilan constitue une étape décisive pour rompre l’errance médicale et orienter le patient vers des solutions concrètes.

 

Agir ensemble pour ne plus laisser la basse vision dans l’ombre

 

Informer sur la basse vision ne peut plus dépendre d’initiatives isolées. C’est un enjeu collectif, urgent et transversal. Professionnels de santé, institutions publiques, associations, médias : chacun a un rôle à jouer pour faire connaître les signes, orienter, soutenir et accompagner.

 

Les ophtalmologistes sont souvent les premiers à détecter les signes d’alerte. Leur mission ne s’arrête pas au diagnostic : ils sont les premiers relais vers un bilan spécialisé et un dialogue éclairé avec les proches. Les orthoptistes et opticiens ont, eux aussi, un rôle actif : proposer des tests simples, expliquer les solutions existantes, présenter du matériel d’essai et rassurer les patients dans leurs démarches.

 

Côté institutions, intégrer la basse vision dans les politiques de santé publique permettrait d’agir plus tôt : campagnes d’information, formation continue des professionnels, parcours coordonnés et meilleure reconnaissance des aides techniques sont autant de leviers encore trop peu exploités.

 

La basse vision ne doit plus être une fatalité silencieuse. Elle est fréquente et peut être prise en charge efficacement, dès lors qu’on s’en saisit à temps. Sensibiliser, c’est permettre à chacun de mieux comprendre, mieux anticiper… et mieux vivre avec.

 

 

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⁽¹⁾Source : aveuglesdefrance.org

⁽²⁾Source : fo-rothschild.fr